Le paradoxe de la perfection n'est pas de moi. Je ne l'ai pas inventé.
Cependant, réfléchissons un peu sur le concept de perfection.
Si la perfection réunit tout ce qui est vrai, beau, éternel, et toutes
les qualités positives, on suppose qu'elle n'admet aucune erreur, ni
la mort, ni rien de négatif.
Si les erreurs n'existaient pas pour permettre la perfection,
qu'obtiendrions-nous ? Dans la théorie de l'évolution de Darwin,
les espèces vivantes procèdent par essais : si ça marche, elles
survivent, si ça ne marche pas elles disparaissent.
Les erreurs peuvent parfois stimuler l'évolution, grâce notamment
à la mort qui permet de recycler la matière organique, ainsi que
les risques pris par des animaux qui peuvent permettre une meilleure
adaptation aux milieux.
Sur le plan de la psychologie humaine, les erreurs permettent
de forger la personnalité individuelle grâce à l'expérience de la vie.
Les erreurs sont une forme d'apprentissage. Les erreurs sont une
source de sagesse.
Maintenant, revenons au concept de perfection : ni mort, ni erreurs,
cette absence de qualités négatives serait-elle bonne pour la vie et
la survie ? Il semble que non.
Sans les erreurs, il n'y aurait pas d'évolution, et les espèces stagneraient
et s'éteindraient sans pouvoir s'adapter. Sans erreurs, chaque être
humain n'apprendrait rien de la vie, et resterait immature.
Si la perfection existait, la vie ne serait pas possible.
Or la vie existe, donc la perfection n'existe pas.
Réfléchissons, si la perfection existait, il n'y aurait que du beau, du vrai,
du sain. Mais si les qualités négatives étaient exclues et inexistantes,
comme la laideur, la maladie et la souffrance, la perfection serait-elle capable d'empathie, de compassion, de respect et d'altruisme ?
La perfection entraîne un problème éthique : nous respectons les hommes
parce qu'ils peuvent souffrir (physiquement de maladies, ou moralement
à cause de leurs différences) ou mourir. Si personne n'était sujet à
la souffrance ni à la mort, le respect et l'empathie seraient-ils des
concepts connus ?
Exemple :
Je frappe mon voisin, il a mal. Il souffre. L'adage dit de ne pas
faire à autrui ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse. Simplement
parce que l'irrespect entraîne la souffrance. L'empathie permet
de respecter autrui parce que nous, en tant qu'humains, pouvons
souffrir comme nos semblables.
Ensuite, supposons que je frappe un être qui ne connaît pas la souffrance
ni le moindre mal (un ange, un extraterrestre, un fantôme...
).
Il reste indifférent et ne considère pas la violence comme une aggression. Donc le concept de respect lui est inconnu s'il n'a jamais
eu l'expérience de la douleur.
Nous le voyons, chaque qualité positive a besoin de son contraire
pour exister. Si nous tentions de ne réunir que les qualités positives
en excluant les négatives pour avoir la perfection, nous obtiendrions
des contradictions. En effet, la perfection c'est toutes les qualités :
le respect, l'empathie, le bonheur, etc. Mais il suffit d'y ajouter
l'éternité, la santé, pour entrer en contradiction avec l'empathie et le
respect.
Si la perfection pure existait, elle ne pourrait donc pas réunir la
totalité des qualités positives.
Pour conclure, l'intelligence est-elle une qualité positive ?
Les biologistes savent que l'intelligence est propre à tous les animaux
prédateurs, comme l'homme, les araignées, les chiens, les chats...
L'intelligence permet d'élaborer des stratégies pour capturer des proies
difficiles.
Est-il moralement mal de tuer, même pour se nourrir ?
Si c'est mal de tuer, alors c'est mal d'être intelligent.
Si c'est bien d'être intelligent, c'est bien de tuer.
On le voit, la perfection absolue entraîne nécessairement des contradictions.
Bonjour à Caspi !