Cet article a pour objectif d'analyser
les relations entre le développement
de la science et celui de la pensée irrationnelle.
Les parasciences suscitent des critiques
et des doutes le plus souvent justifiés.
Le débat ne doit jamais être clos.
Ce qu'il faut savoir, c'est qu'il existe
une limite nette entre les sciences authentiques
et les fausses sciences.
Où finit le rationnel et où commence l'irrationnel ?
L'histoire à ce sujet peut nous instruire.
Ainsi, les disciples de Descartes vers la fin
du XVIIe siècle, ont jugé la théorie newtonienne
de l'attraction universelle complètement absurde.
D'après eux, il ne pouvait y avoir que des actions
par contact.Lorsqu'est né l'électromagnétisme,
certains scientifiques ont manifesté leur scepticisme.
La théorie de la relativité avait été jugée fantaisiste
et même irrationnelle.
Inversement, il est arrivé que des thèmes parascientifiques
soient pris au sérieux.Freud, bien qu'il se réclamât du
rationalisme, a fini par estimer réels les phénomènes
de télépathie.
Yves Rocard, directeur du laboratoire de physique
de l'ENS, croyait fermement qu'on pouvait détecter
des eaux souterraines avec la baguette de sourcier.
Une certaine prudence s'impose donc.
Il faut naturellement conserver son esprit critique,
mais sans s'enfermer dans un scepticisme borné.
De nos jours, les parasciences semblent exercer une
séduction de plus en plus marquée.
Les arts magiques tentent fréquemment de prendre
l'apparence de la science authentique.
On voit se développer un vaste courant de méfiance
à l'égard de la société scientifique industrielle dans
son ensemble.
En deux mots, le culte du progrès, de la science et de la
croissance économique n'apparaît plus comme
un moyen assuré de parvenir au bonheur.
Ce qui inquiète une partie croissante de la population,
c'est le fonctionnement social de l'institution scientifique.
Les sciences et les techniques se sont compromises
bon gré mal gré dans la course aux armements,
dans divers drames écologiques, dans la montée des
risques technologiques, etc...
Ainsi, beaucoup d'hommes et de femmes se tournent
plus ou moins consciemment vers des savoirs ou des
pseudo-savoirs capables de les faire rêver, de les
réconcilier avec la nature, et de leur faire espérer
une vie plus sereine et plus chaleureuse.
Si irrationnel qu'il soit, le succès des parasciences
révèle un symptôme culturel.
Aussi longtemps que la crise durera, il est vraisemblable
que cette tendance s'accentuera.
Bibliographie :Deux livres de Pierre Thuillier,
La grande implosion (Fayard)
La revanche des sorcières (Belin) [/i]